Comment lutter contre les inégalités de santé ?
La microéconomie peut nous aider à lutter contre les inégalités de santé :
- Tout d'abord, en élaborant un cadre conceptuel définissant une mesure des inégalités. Ces mesures sont importantes à deux titres. Elles permettent de comparer des sociétés différentes à l'aune de ce critère : dans quel pays les inégalités sont-elles les plus vives ? Elles permettent aussi d'évaluer les politiques publiques : par exemple, dans quelle mesure garantir à tous l'accès aux soins nécessaires contribue-t-il à réduire les inégalités de santé ?
- Ensuite, en posant des hypothèses quant aux déterminants de ces inégalités, ces hypothèses pouvant être confrontées à une réfutation empirique.
- Enfin, en identifiant des relations causales, l'analyse économique indique quels effets peuvent être attendus de telle ou telle proposition de réforme, ce qui contribue à éclairer les débats de politiques économique et sociale.
Les déterminants des inégalités
Les mesures des inégalités permettent de quantifier leur étendue, mais il est au moins important d'identifier les determinants de ces inégalités. L'analyse empirique met en évidence de manière systématique l'existence d'un "gradient de santé" : les pays les plus riches sont aussi, en un sens statistique, ceux qui jouissent de la meilleure santé (espérance de vie plus longue, moins de maladies, etc...). En outre, certaines analyses macro-économiques avaient établi un lien entre le niveau de santé moyen et l'inégalité des revenus. Par exemple, les Etats-Unis, pays assez inégalitaire, connaissent une espérance de vie en moyenne beaucoup plus faible que d'autres pays de revenu pourtant bien moindre. Selon Wilkinson, les societés inégalitaires seront donc des socétés en mauvaise santé : l'inégalités des conditions socioéconomiques serait, en elle-même, néfaste à la santé individuelle. Cette hypothèse continue à être débattue, mais l'analyse microéconomique suggère une explication possible : le lien entre richesse et santé, vérifié à l'échelle des pays, est encore valide au niveau individuel. Ainsi, en France, il y a de fortes différences de mortalité, non seulement entre catégories socioprofessionelles, mais aussi entre classes de revenus, même au sein d'une CSP donnée. Si cette relation est plus forte pour les bas que hauts revenus, alors une diminution du revenu chez un riche n'aura qu'un effet modéré sur sa santé, alors qu'une augmentation du même montant du revenu d'un pauvre se traduira par une nette amélioration.